2017 – Notre Jeunesse – Olivier SACCOMANO
MISE EN SCÈNE : Hélène JACQUEL
TEXTE : Olivier SACCOMANO
« L’’action se passe en été, dans la grande banlieue d’une grande ville. C’est le 14 juillet : la célébration officielle d’une révolution lointaine, avec feu d’artifice et défilés militaires, pendant que dans les rues, des jeunes gens qui n’ont jamais porté les armes mènent une bataille dont ils cherchent le nom… »
Olivier SACCOMANO
LA PIÈCE
13 juillet, Cité des Cailloux Blancs : Grim rêve de partir loin de chez lui, de disparaître et demande à Vass d’être le faux témoin de sa fausse mort. Lola est embauchée comme téléactrice et apprend à se faire passer pour une autre au gré des appels : c’est là qu’elle rencontre Anna. La disparition d’Anna dans des circonstances étranges – « c’était du théâtre », dira le commissaire – mettra le feu aux poudres dans la cité après les feux d’artifice d’une révolution morte. Le drame rassemble les chemins de ces jeunes gens, qui croisent et se heurtent à différentes figures : la mère de Grim qui refuse de voir son fils grandir, celle de Lola qui retombe en enfance ; le commissaire ; Aziz, mystérieuse figure nocturne qui « apporte l’éclairage » sur leurs errances et leurs rencontres.
NOTE D’INTENTION
Notre Jeunesse est notre tentative théâtrale et collective de nommer cette bataille qui « se passe il n’y pas très longtemps, ou dans pas très longtemps (…) et ici, ou pas très loin d’ici » ; une bataille sourde et muette qui, à la lecture de la pièce, a fortement résonné avec les nôtres. Passer par les mots d’Olivier Saccomano pour revenir interroger notre propre jeunesse, c’est confronter notre regard au sien, faire un détour par une autre génération pour mieux voir la nôtre. La pièce d’Olivier SACCOMANO propose également de porter un regard historique sur notre présent, lire notre jeunesse à l’aune de l’œuvre homonyme de Charles PÉGUY, de 1910 : PÉGUY y observe une jeunesse désabusée, cynique, dont la foi républicaine et mystique de la Révolution est éteinte ; le regard parallèle de l’auteur sur notre propre génération est alors acéré et percutant. Dans ce jeu de miroirs et de perspectives, il s’agit de placer nos corps, nos gestes, nos codes, nos désirs et nos colères littéralement au centre des regards, les mettre en spectacle pour mieux les comprendre, les penser et les nommer.
«AZIZ (au public) : Chut… Il dort Colas mon petit frère. C’est la picole. Moi aussi j’ai fait la picole, mais je dors pas de la nuit. Toute la nuit je pense. J’oublie le temps on dirait. Je fume, je bois, et je fais la pensée, et comme ça je passe à travers la nuit. On dirait je fais la causette avec moi-même on dirait. Des fois je pense toutes choses, et c’est très long, parce que je vais du coq à l’âne. Et des fois je pense une seule chose, et c’est très long aussi, parce que sur une chose il y a beaucoup de côtés. Alors je tourne autour on dirait. Cette nuit, une seule chose j’ai pensé. J’ai pensé… la jeunesse, on peut dire. »
Jeu : Pierre DE BRANCION, Louise GAILLARD, Léonie GOBION, Jules LECOINTE, Julien ORAIN, Thomas ROUSSELOT, Blanche VOLLAIS